vendredi 18 septembre 2015

Textes lus lors de notre 50ème veillée - 18 septembre 2015

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« La responsabilité de chacun implique deux actes :
vouloir savoir et oser dire. »
ABBÉ PIERRE
                         

Saint Jean-Paul II, Discours à l'UNESCO (2 juin 1980)
Angélique Lachaume, « France, ô ma tendre patrie » (2015)
Hippolyte Taine, Origines de la France contemporaine, « Tant que l'homme ne s'intéresse qu'à soi » (1890)
Angélique Lachaume, « Prière du chef scout » (2015)

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DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II
À L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ÉDUCATION,
LA SCIENCE ET LA CULTURE (UNESCO)

Paris, lundi 2 juin 1980

     (...) La signification essentielle de la culture consiste, selon (...) saint Thomas d’Aquin [1], dans le fait qu’elle est une caractéristique de la vie humaine comme telle. L’homme vit d’une vie vraiment humaine grâce à la culture. La vie humaine est culture en ce sens aussi que l’homme se distingue et se différencie à travers elle de tout ce qui existe par ailleurs dans le monde visible : l’homme ne peut pas se passer de culture. (...)

     (...) La culture est ce par quoi l’homme en tant qu’homme devient davantage homme, « est » davantage, accède davantage à l’« être ». C’est là aussi que se fonde la distinction capitale entre ce que l’homme est et ce qu’il a, entre l’être et l’avoir. La culture se situe toujours en relation essentielle et nécessaire à ce qu’est l’homme, tandis que sa relation à ce qu’il a, à son « avoir », est non seulement secondaire, mais entièrement relative. (...)

     (...) La présence du Siège Apostolique auprès de votre Organisation (...) trouve, par-dessus tout, sa raison d’être dans le lien organique et constitutif qui existe entre la religion en général et le christianisme en particulier, d’une part, et la culture, d’autre part. (...) Il ne sera certainement pas exagéré d’affirmer en particulier que, à travers une multitude de faits, l’Europe tout entière ― de l’Atlantique à l’Oural ― témoigne, dans l’histoire de chaque nation comme dans celle de la communauté entière, du lien entre la culture et le christianisme. (...)

     En parlant (...) de la place de l’Église et du Siège Apostolique auprès de votre Organisation, je ne pense pas seulement à toutes les œuvres de la culture dans lesquelles, au cours des deux derniers millénaires, s’exprimait l’homme qui avait accepté le Christ et l’Évangile, ni aux institutions de différentes sortes qui sont nées de la même inspiration dans les domaines de l’éducation, de l’instruction, de la bienfaisance, de l’assistance sociale et en tant d’autres. Je pense surtout, Mesdames et Messieurs, au lien fondamental de l’Évangile, c’est-à-dire du message du Christ et de l’Église, avec l’homme dans son humanité même. Ce lien est en effet créateur de culture dans son fondement même. Pour créer la culture, il faut considérer, jusqu’en ses dernières conséquences et intégralement, l’homme comme une valeur particulière et autonome, comme le sujet porteur de la transcendance de la personne. Il faut affirmer l’homme pour lui-même, et non pour quelque autre motif ou raison : uniquement pour lui-même ! Bien plus, il faut aimer l’homme parce qu’il est homme, il faut revendiquer l’amour pour l’homme en raison de la dignité particulière qu’il possède. (...)

     (...) Les considérations que je viens de faire montrent à l’évidence que la tâche première et essentielle de la culture (...) est l’éducation. L’éducation consiste en effet à ce que l’homme devienne toujours plus homme, qu’il puisse « être » davantage et pas seulement qu’il puisse « avoir » davantage, et que par conséquent, à travers tout ce qu’il « a », tout ce qu’il « possède », il sache de plus en plus pleinement « être » homme. Pour cela il faut que l’homme sache « être plus » non seulement « avec les autres », mais aussi « pour les autres ». (...)

     En tant que l’Organisation mondiale la plus compétente dans tous les problèmes de la culture, l’UNESCO ne peut pas négliger cette autre question absolument primordiale : que faire pour que l’éducation de l’homme se réalise surtout dans la famille ? Quel est l’état de la moralité publique qui assurera à la famille, et surtout aux parents, l’autorité morale nécessaire à cette fin ? Quel type d’instruction ? Quelles formes de législation soutiennent cette autorité ou, au contraire, l’affaiblissent ou la détruisent ? Les causes de succès et d’insuccès dans la formation de l’homme par sa famille se situent toujours à la fois à l’intérieur même du milieu créateur fondamental de la culture qu’est la famille, et aussi à un niveau supérieur, celui de la compétence de l’État et de ses organes, dont elles demeurent dépendantes. (...)

     (...) Si l’on considère (...) l’accroissement systématique de l’instruction qui se réfère uniquement à ce que possède l’homme, n’est-ce pas l’homme lui-même qui se trouve de plus en plus obscurci ? Cela entraîne alors une véritable aliénation de l’éducation : au lieu d’œuvrer en faveur de ce que l’homme doit « être », elle travaille uniquement en faveur de ce dont l’homme peut se prévaloir dans le domaine de l’« avoir », de la « possession ». L’étape ultérieure de cette aliénation est d’habituer l’homme, en le privant de sa propre subjectivité, à être objet de manipulations multiples : les manipulations idéologiques ou politiques qui se font à travers l’opinion publique ; celles qui s’opèrent à travers le monopole ou le contrôle, par les forces économiques ou par les puissances politiques, des moyens de communication sociale ; la manipulation, enfin, qui consiste à enseigner la vie en tant que manipulation spécifique de soi-même. Il semble que de tels dangers en matière d’éducation menacent surtout les sociétés à civilisation technique plus développée. Ces sociétés se trouvent devant la crise spécifique de l’homme qui consiste en un manque croissant de confiance à l’égard de sa propre humanité, de la signification du fait d’être homme, et de l’affirmation et de la joie qui en dérivent et qui sont source de création. La civilisation contemporaine tente d’imposer à l’homme une série d’impératifs apparents, que ses porte-parole justifient par le recours au principe du développement et du progrès. Ainsi, par exemple, à la place du respect de la vie, « l’impératif » de se débarrasser de la vie et de la détruire ; à la place de l’amour qui est communion responsable des personnes, « l’impératif » du maximum de jouissance sexuelle en dehors de tout sens de la responsabilité ; à la place du primat de la vérité dans les actions, le « primat » du comportement en vogue, du subjectif, et du succès immédiat. En tout cela s’exprime indirectement une grande renonciation systématique à la saine ambition qu’est l’ambition d’être homme. N’ayons pas d’illusions : le système formé sur la base de ces faux impératifs, de ces renoncements fondamentaux, peut déterminer l’avenir de l’homme et l’avenir de la culture.

     Si, au nom de l’avenir de la culture, il faut proclamer que l’homme a le droit d’« être » plus, et si pour la même raison il faut exiger un sain primat de la famille dans l’ensemble de l’œuvre de l’éducation de l’homme à une véritable humanité, il faut aussi situer dans la même ligne le droit de la Nation ; il faut le placer lui aussi à la base de la culture et de l’éducation. La Nation est en effet la grande communauté des hommes qui sont unis par des liens divers, mais surtout, précisément, par la culture. La Nation existe « par » la culture et « pour » la culture, et elle est donc la grande éducatrice des hommes pour qu’ils puissent « être davantage » dans la communauté. Elle est cette communauté qui possède une histoire dépassant l’histoire de l’individu et de la famille. C’est aussi dans cette communauté, en fonction de laquelle toute famille éduque, que la famille commence son œuvre d’éducation par ce qui est le plus simple, la langue, permettant ainsi à l’homme qui en est à ses débuts d’apprendre à parler pour devenir membre de la communauté qu’est sa famille et sa Nation. (...)

     En m’adressant à vous, Mesdames et Messieurs, (...) je vous dis : veillez, par tous les moyens à votre disposition, sur cette souveraineté fondamentale que possède chaque Nation en vertu de sa propre culture. Protégez-la comme la prunelle de vos yeux pour l’avenir de la grande famille humaine. Protégez-la ! Ne permettez pas que cette souveraineté fondamentale devienne la proie de quelque intérêt politique ou économique. (...)

     Cette souveraineté qui existe et qui tire son origine de la culture propre de la Nation et de la société, du primat de la famille dans l’œuvre de l’éducation, et enfin de la dignité personnelle de tout homme, doit rester le critère fondamental dans la manière de traiter ce problème important pour l’humanité d’aujourd’hui qu’est le problème des moyens de communication sociale (de l’information qui leur est liée, et aussi de ce qu’on appelle la « culture de masse »). Vu que ces moyens sont les moyens « sociaux » de la communication, ils ne peuvent être des moyens de domination sur les autres, de la part des agents du pouvoir politique comme de celle des puissances financières qui imposent leur programme et leur modèle. Ils doivent devenir le moyen ― et quel important moyen ! ― d’expression de cette société qui se sert d’eux, et qui en assure aussi l’existence. Ils doivent tenir compte des vrais besoins de cette société. Ils doivent tenir compte de la culture de la Nation et de son histoire. Ils doivent respecter la responsabilité de la famille dans le domaine de l’éducation. Ils doivent tenir compte du bien de l’homme, de sa dignité. Ils ne peuvent pas être soumis au critère de l’intérêt, du sensationnel et du succès immédiat, mais, en tenant compte des exigences de l’éthique, ils doivent servir à la construction d’une vie « plus humaine ».

     (...) L’homme, qui « est plus » grâce aussi à ce qu’il « a », et à ce qu’il « possède », doit savoir posséder, c’est-à-dire disposer et administrer les moyens qu’il possède, pour son bien propre et pour le bien commun. A cet effet, l’instruction est indispensable.

     (...) Qu’il me soit permis de revendiquer en ce lieu pour les familles catholiques le droit qui appartient à toutes les familles d’éduquer leurs enfants en des écoles qui correspondent à leur propre vision du monde, et en particulier le droit strict des parents croyants à ne pas voir leurs enfants soumis, dans les écoles, à des programmes inspirés par l’athéisme. Il s’agit là en effet d’un des droits fondamentaux de l’homme et de la famille.

     (...) Les établissements d’enseignement de haut niveau, les universités et (...) les instituts spécialisés [sont des] institutions dont il serait difficile de parler sans une émotion profonde. Ce sont les bancs de travail, auprès desquels la vocation de l’homme à la connaissance, ainsi que le lien constitutif de l’humanité avec la vérité comme but de la connaissance, deviennent une réalité quotidienne, deviennent, en un certain sens, le pain quotidien de tant de maîtres, coryphées vénérés de la science, et autour d’eux, des jeunes chercheurs voués à la science et à ses applications, comme aussi de la multitude des étudiants qui fréquentent ces centres de la science et de la connaissance. Nous nous trouvons ici comme aux degrés les plus élevés de l’échelle que l’homme, depuis le début, gravit vers la connaissance de la réalité du monde qui l’entoure, et vers celle des mystères de son humanité. Ce processus historique a atteint à notre époque des possibilités inconnues autrefois ; il a ouvert à l’intelligence humaine des horizons insoupçonnés jusque-là. (...) Autant nous édifie (...) cette marche de la connaissance désintéressée de la vérité que le savant sert avec le plus grand dévouement (...), autant doit nous préoccuper tout ce qui est en contradiction avec les principes de désintéressement et d’objectivité, tout ce qui ferait de la science un instrument pour atteindre des buts qui n’ont rien à voir avec elle. (...)

     Nous nous en rendons compte, Mesdames et Messieurs, l’avenir de l’homme et du monde est menacé, radicalement menacé, en dépit des intentions, certainement nobles, des hommes de savoir, des hommes de science. Et il est menacé parce que les merveilleux résultats de leurs recherches et de leurs découvertes, surtout dans le domaine des sciences de la nature, ont été et continuent d’être exploités ― au préjudice de l’impératif éthique ― à des fins qui n’ont rien à voir avec les exigences de la science, et jusqu’à des fins de destruction et de mort, et ceci à un degré jamais connu jusqu’ici, causant des dommages vraiment inimaginables. Alors que la science est appelée à être au service de la vie de l’homme, on constate trop souvent qu’elle est asservie à des buts qui sont destructeurs de la vraie dignité de l’homme et de la vie humaine. C’est le cas lorsque la recherche scientifique elle-même est orientée vers ces buts ou quand ses résultats sont appliqués à des fins contraires au bien de l’humanité. Ceci se vérifie aussi bien dans le domaine des manipulations génétiques et des expérimentations biologiques que dans celui des armements chimiques, bactériologiques ou nucléaires. (...)

     Mesdames et Messieurs, le monde ne pourra pas poursuivre longtemps sur cette voie. À l’homme qui a pris conscience de la situation et de l’enjeu, qui s’inspire aussi du sens élémentaire des responsabilités qui incombent à chacun, une conviction s’impose, qui est en même temps un impératif moral : il faut mobiliser les consciences ! Il faut augmenter les efforts des consciences humaines à la mesure de la tension entre le bien et le mal à laquelle sont soumis les hommes (...). Il faut se convaincre de la priorité de l’éthique sur la technique, du primat de la personne sur les choses, de la supériorité de l’esprit sur la matière [2]. La cause de l’homme sera servie si la science s’allie à la conscience. L’homme de science aidera vraiment l’humanité s’il conserve « le sens de la transcendance de l’homme sur le monde et de Dieu sur l’homme » [3]. (...) Je m’adresse à vous au nom de cette menace terrible qui pèse sur l’humanité, et, en même temps, au nom de l’avenir et du bien de cette humanité dans le monde entier. Et je vous supplie : déployons tous nos efforts pour instaurer et respecter, dans tous les domaines de la science, le primat de l’éthique. (...)

     Il m’a été donné (...) aujourd’hui (...) de vous dire, (...) à vous qui travaillez pour le bien et pour la réconciliation des hommes et des peuples à travers tous les domaines de la culture, de l’éducation, de la science et de l’information, de vous dire et de vous crier du fond de l’âme : Oui ! l’avenir de l’homme dépend de la culture ! Oui ! la paix du monde dépend de la primauté de l’Esprit ! Oui ! l’avenir pacifique de l’humanité dépend de l’amour ! (...)

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[1] Cf. Saint Thomas d'Aquin, Commentaire des seconds Analytiques d'Aristote, n.1
[2] Cf. Redemptor Hominis, n.16.
[3] Discours à l'Académie Pontificale des Sciences, 10 novembre 1979, n.4.

Le texte intégral du discours est disponible sur le site du Vatican : http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/speeches/1980/june/documents/hf_jp-ii_spe_19800602_unesco.html

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Académie des Jeux floraux de Toulouse

Palmarès 2015

FRANCE, Ô MA TENDRE PATRIE
POÈME
AYANT MERITÉ L’ATTRIBUTION
DU PRIX DES JEUNES POÈTES DE 16 À 26 ANS
À
ANGÉLIQUE LACHAUME
ÉTUDIANTE EN LETTRES CLASSIQUES
À L’UNIVERSITÉ JEAN-JAURÈS DE TOULOUSE

Quand dans les feux brûlants de combats inégaux
Tu seras consumée comme branche dans l’âtre,
Quand la morne tristesse du monde nouveau
Aura rendu désuet le chant du jeune pâtre,
Je t’aimerai, ma France, ô ma tendre patrie.

Quand les vents froids et durs de la révolution
Souffleront sans répit sur ton âme vieillie,
Quand il faudra marcher droit dans la tradition
Pour soutenir ton bras qui parfois s’affaiblit,
Je t’aimerai, ma France, ô ma tendre patrie.

Quand tous mes compagnons de route et de combat
Fléchiront le genou face au mauvais seigneur,
Quand les vents de l’oubli éloigneront les pas
De ceux qui t’ont juré fidélité, honneur,
Je t’aimerai, ma France, ô ma tendre patrie.

Je voudrais chaque jour t’aimer comme un amant
Dont le cœur tout entier ne bat que pour ton nom,
Je voudrais pour ta gloire avoir versé mon sang
Dans le feu des combats d’un de tes bataillons,
Car je t’aime, ma France, ô ma tendre patrie.

Je voudrais te servir comme un jeune soldat,
Comme une pieuse mère au chevet de l’enfant,
Me dévouer chaque  jour autant à tes combats
Qu’à panser tes blessures et tes vieux tourments,
Car je n’ai qu’un amour, c’est ma tendre patrie.

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Hippolyte Taine, « Tant que l'homme ne s'intéresse qu'à soi », extrait des Origines de la France contemporaine, 1890.

Tant qu'un homme ne s'intéresse qu'à soi, à sa fortune, à son avancement, à son succès personnel propre, il s'intéresse à bien peu de chose : tout cela est de médiocre importance et de courte durée, comme lui-même. À côté de cette barque qu'il conduit avec tant de soins, il y en a des milliers et des millions d'autres, de structure pareille et de taille à peu près égale : aucune d'elles ne vaut beaucoup, et la sienne ne vaut pas davantage. De quelque façon qu'il l'approvisionne et la manœuvre, elle restera toujours ce qu'elle est, étroite et fragile ; il a beau la pavoiser, la décorer, la pousser aux premiers rangs : en trois pas, il en a fait le tour. C'est en vain qu'il la répare et la ménage ; au bout de quelques années, elle fait eau ; un peu plus tôt, un peu plus tard, elle s'effondre, elle va s'engloutir, et avec elle périra tout le travail qu'elle a coûté. Est-il raisonnable de tant travailler pour elle, et un si mince objet vaut-il la peine d'un si grand effort ?... Heureusement, pour mieux placer son effort, l’homme a d'autres objets plus vastes et plus solides, une famille, une commune, une Église, une patrie, toutes les associations dont il est ou devient membre, toutes les entreprises collectives de science, d'éducation, de bienfaisance, d'utilité locale ou générale, la plupart pourvues d'un statut légal et constituées en corps ou même en personnes civiles, aussi bien définies et protégées que lui, mais plus précieuses et plus viables, car elles servent beaucoup d'hommes et durent indéfiniment ; même quelques-unes ont une histoire séculaire, et la longueur de leur passé présage la longueur de leur avenir. Dans l'innombrable flottille des esquifs qui sombrent incessamment, et incessamment sont remplacés par d'autres, elles subsistent comme des vaisseaux de haut bord : sur ces gros bâtiments, chaque homme de la flottille monte de temps en temps pour y travailler, et cette fois l'œuvre qu'il produit n'est pas caduque, éphémère, comme l'ouvrage qu'il fait chez lui ; elle surnagera après qu'il aura disparu, lui et son esquif ; elle est entrée dans une œuvre commune et totale qui se défend par sa masse. Sans doute, ce qu'il y insère pourra plus tard être remanié ; mais la substance en demeure, et parfois aussi la forme : tel précepte de Jésus, tel théorème d'Archimède reste une acquisition définitive, intacte et clouée en place depuis deux mille ans, immortelle dès le premier jour. – Par suite, l'individu peut s'intéresser, non plus seulement à sa barque, mais encore à un navire, à tel ou tel navire, à telle société ou communauté, selon ses préférences et ses aptitudes, selon l'attrait, la proximité ou la commodité d'accès, et voilà un nouveau ressort d'action antagoniste au premier. Si fort que soit le premier, parfois le second prévaut ; c'est que l'âme est très généreuse ou préparée par une longue discipline spéciale : de là tous les sacrifices, la donation de soi-même à une œuvre ou à une cause, le dévouement de la sœur de charité et du missionnaire, l’abnégation du savant qui s'ensevelit pendant vingt ans dans les minuties d'une besogne ingrate, l’héroïsme de l'explorateur qui risque sa vie dans le désert ou parmi les sauvages, le courage du soldat qui se fait tuer pour défendre son drapeau. Mais ces cas sont rares ; chez le plus grand nombre d'hommes et dans le plus grand nombre de leurs actes, l'intérêt personnel l'emporte sur l'intérêt commun, et, contre l'instinct égoïste, l'instinct social est faible. - C'est pourquoi il est dangereux de l'affaiblir ; l'individu n'est que trop tenté de préférer sa barque au navire ; si l'on veut qu'il y monte et qu'il y travaille, il faut lui fournir des facilités et des motifs pour y monter et pour y travailler ; à tout le moins, il ne faut pas lui en ôter. Or cela dépend de l'État, sorte de vaisseau amiral et central, seul armé, qui tient sous ses canons tous les navires subordonnés ; car, quelle que soit la société, provinciale ou municipale, enseignante ou hospitalière, religieuse ou laïque, c'est l'État qui en fabrique ou en adopte le statut, bon ou mauvais, et qui, par ses lois, ses tribunaux et ses gendarmes, en procure l'exécution, stricte ou lâche. Partant, sur cet article, il est responsable ; à lui d'agréer ou d'imposer le bon statut, la forme sociale la plus propre à fortifier l'instinct social, à entretenir le zèle désintéressé, à encourager le travail volontaire ou gratuit.

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PRIÈRE DU CHEF SCOUT

HYMNE À LA VIERGE
AYANT MERITÉ L’ATTRIBUTION
D’UN LYS D’ARGENT
À
ANGÉLIQUE LACHAUME
ÉTUDIANTE EN LETTRES CLASSIQUES
À L’UNIVERSITÉ JEAN-JAURÈS DE TOULOUSE

Notre Dame de France, écoutez ma prière,
Je viens vous demander – après tout, trois fois rien –
De veiller aujourd’hui, et demain, comme hier,
Sur l’âme des enfants dont je suis le gardien.

Vous avez surmonté la douleur indicible
De voir le divin Fils élevé sur la croix,
N’est-ce pas un repos, un labeur bien paisible,
D’ouvrir votre manteau pour les garder du froid ?

Car les hivers sont rudes au pays de France,
Les vents se font glaçants sur les âmes chrétiennes,
Et je ne voudrais pas que face à la souffrance
Ces pieux enfants oublient leur tendre Souveraine.

Faites-en les héros d’un morne quotidien,
Les humbles héritiers du flambeau de la foi,
Mais pour cela, Marie, pour qu’ils deviennent saints,
Je n’ai qu’une prière : sanctifiez-moi.


mercredi 19 août 2015

Textes lus lors de notre 49ème veillée - 19 août 2015

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« On ne subit pas l'avenir, on le fait »
GEORGES BERNANOS
                         

Paul Eluard, Au rendez-vous allemand, « Faire vivre » (1944)
Albert de Mun, Discours au banquet de l'ALP (extrait) (19 décembre 1905)
Nérée Beauchemin, Les floraisons matutinales, « Le dernier gîte » (1897)
Victor Hugo, Choses vues, « La famille est le cristal de la société » (octobre 1830)

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Paul Eluard, Au rendez-vous allemand, « Faire vivre » (1944)

Ils étaient quelques-uns qui vivaient dans la nuit
En rêvant du ciel caressant

Ils étaient quelques-uns qui aimaient la forêt
Et qui croyaient au bois brûlant
L’odeur des fleurs les ravissait même de loin
La nudité de leurs désirs les recouvrait

Ils joignaient dans leur cœur le souffle mesuré
A ce rien d’ambition de la vie naturelle
Qui grandit dans l’été comme un été plus fort

Ils joignaient dans leur cœur l’espoir du temps qui vient
Et qui salue même de loin un autre temps
A des amours plus obstinées que le désert

Un tout petit peu de sommeil
Les rendait au soleil futur
Ils duraient ils savaient que vivre perpétue

Et leurs besoins obscurs engendraient la clarté
                       
                        *
                       
Ils n’étaient que quelques-uns
Ils furent foule soudain

Ceci est de tous les temps.

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Albert de Mun, Conclusion du discours prononcé le 17 décembre 1905 (après le vote de la loi le 9 décembre) au banquet de clôture du congrès de l'Action libérale populaire (ALP).

« Soldat vaincu d’une cause invincible, je ne puis vous apporter que les restes d’une force usée par de longs combats mais que suffit à ranimer le spectacle de votre courageuse ardeur. Témoin plein d’une frémissante émotion, je me suis tenu près de votre berceau : spectateur trop souvent impuissant, j’ai assisté aux progrès de votre jeunesse : et ces souvenirs et cette impuissance elle-même me donnent aujourd’hui le droit de saluer librement l’épanouissement de votre maturité.
« Vous êtes forts, Messieurs, forts de votre droit et de votre abnégation : condamnés, malgré vous, après tant de sacrifices offerts pour la conjurer, à une guerre impie, vous rallierez à votre cause tous ceux qu’émeuvent encore les grands noms de la justice et de la liberté.
« Vous êtes forts de votre patriotisme : à la veille peut-être des grandes épreuves nationales, vous verrez se tourner vers vous, comme, au matin du combat, le gros de l’armée vers une troupe d’élite, tous ceux qui se souviennent des jours douloureux où, sans souci des mains qui tenaient le drapeau, vos aînés, d’un seul élan, se serraient autour de lui.
« Vous êtes forts enfin, vous êtes forts surtout de votre dévouement à la cause populaire ; le peuple, le vrai peuple de France, vous voyant à l’œuvre, apprend de jour en jour à vous connaître davantage. (…)
« Et vous, Messieurs, par un admirable échange, en le servant, vous apprenez à l’aimer davantage. Vous avez connu, dans les luttes civiles, que c’est là, c’est dans le cœur des petits et des humbles, que jaillit la source inépuisable des sacrifices généreux et des inlassables dévouements. C’est là qu’est votre force. C’est là qu’est pour demain la suprême espérance vers laquelle, aujourd’hui, avec le dernier effort de ma voix, je veux jeter le dernier cri de mon âme. »

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Le dernier gîte
Je te reviens, ô paroisse natale.
Patrie intime où mon cœur est resté ;
Avant d’entrer dans la nuit glaciale,
Je viens frapper à ton seuil enchanté.
Pays d’amour, en vain j’ai fait la route
Pour saluer encore ton ciel bleu,
Mon œil se mouille et ma chair tremble toute,
Je viens te dire un éternel adieu.
Oh ! couchez-moi dans la tombe bénite,
Dans un recoin discret du vieil enclos.
Ici, je viens chercher mon dernier gîte,
Je viens ici chercher calme et repos.
Ô terre sainte ! ouvre-moi ton asile,
Près des miens, jusqu’au jour du grand réveil,
Je dormirai comme en un lit tranquille,
Mon dernier rêve et mon dernier sommeil.

Nérée Beauchemin, Les floraisons matutinales (1897)

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Victor Hugo, Choses vues, « La famille est le cristal de la société » (octobre 1830)

Toute doctrine sociale qui cherche à détruire la famille est mauvaise et, qui plus est, inapplicable. Sauf à se recomposer plus tard, la société est soluble, la famille non. C'est qu'il n'entre dans la composition de la famille que des lois naturelles ; la société, elle, est soluble par tout l'alliage de lois factices, artificielles, transitoires, expédientes, contingentes, accidentelles, qui se mêle à sa constitution. Il peut souvent être utile, être nécessaire, être bon de dissoudre une société quand elle est mauvaise ou trop vieille, ou mal venue. Il n'est jamais utile, ni nécessaire, ni bon, de mettre en poussière la famille. Quand vous décomposez une société, ce que vous trouvez pour dernier résidu, ce n'est pas l'individu, c'est la famille. La famille est le cristal de la société.


vendredi 10 juillet 2015

Textes lus lors de notre 48ème veillée - 10 juillet 2015

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« Dans des temps de tromperie généralisée,
le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire.  »
GEORGE ORWELL
                         

Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, « La petite Espérance » (1912)
Jean-Pierre Calloc'h, À genoux, « La Prière du guetteur » (1915)
Commission théologique internationale, À la recherche d'une éthique universelle, « Les sources d'une société humanisante » (2007)
Théodore de Banville, Les Cariatides, « L'Été » (1842)

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La petite Espérance

« Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'Espérance.
Et je n'en reviens pas.
Cette petite Espérance qui n'a l'air de rien du tout.
Cette petite fille Espérance.
Immortelle.

Car mes trois vertus, dit Dieu,
Les trois vertus mes créatures,
Mes filles, mes enfants,
Sont elles-mêmes comme mes autres créatures,
De la race des hommes.
La Foi est une Épouse fidèle,
La Charité est une Mère,
Une mère ardente, pleine de cœur,
Ou une sœur aînée qui est comme une mère.
L'Espérance est une petite fille de rien du tout,
Qui est venue au monde le jour de Noël de l'année dernière,
Qui joue encore avec le bonhomme Janvier
Avec ses petits sapins en bois d'Allemagne. Peints.
Et avec sa crèche pleine de paille que les bêtes ne mangent pas,
Puisqu’elles sont en bois.
C'est cette petite fille pourtant qui traversera les mondes.
C'est cette petite fille de rien du tout.
Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus.
La petite Espérance s'avance entre ses deux grandes sœurs et on ne prend seulement pas garde à elle.
Sur le chemin du salut, sur le chemin charnel, sur le chemin raboteux du salut, sur la route interminable, sur la route entre ses deux sœurs la petite Espérance
S'avance.
Entre ses deux grandes sœurs,
Celle qui est mariée,
Et celle qui est mère.
Et l'on n'a d'attention, le peuple chrétien n'a d'attention que pour les deux grandes sœurs,
La première et la dernière,
Qui vont au plus pressé,
Au temps présent,
A l'instant momentané qui passe.
Le peuple chrétien ne voit que les deux grandes sœurs, n'a de regard que pour les deux grandes sœurs.
Celle qui est à droite et celle qui est à gauche.
Et il ne voit quasiment pas celle qui est au milieu.
La petite, celle qui va encore à l'école.
Et qui marche,
Perdue entre les jupes de ses sœurs.
Et il croit volontiers que ce sont les deux grandes qui traînent la petite par la main.
Au milieu.
Entre les deux,
Pour lui faire faire ce chemin raboteux du salut.
Les aveugles qui ne voient pas au contraire,
Que c'est elle au milieu  qui entraîne ses deux grandes sœurs.
Et que sans elle elles ne seraient rien.
Que deux femmes déjà âgées.
Deux femmes d'un certain âge.
Fripées par la vie.
C'est elle, cette petite, qui entraîne tout.
Car la Foi ne voit que ce qui est
Et elle voit ce qui sera
La Charité n'aime que ce qui est
Et elle aime ce qui sera. »

Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu (1912)

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La Veillée dans les Tranchées ou la prière du guetteur (7-27 septembre 1915)

Les ténèbres pesantes s'épaissirent autour de moi ;
Sur l'étendue de la plaine la couleur de la nuit s'épandait,
Et j'entendis une voix qui priait sur la tranchée :
O la prière du soldat quand tombe la lumière du jour !

« Le soleil malade des cieux d'hiver, voici qu'il s'est couché ;
Les cloches de l'Angélus ont sonné dans la Bretagne,
Les foyers sont éteints et les étoiles luisent :
Mettez un cœur fort, ô mon Dieu, dans ma poitrine.

Je me recommande à vous et à votre Mère Marie ;
Préservez-moi, mon Dieu, des épouvantes de la nuit aveugle,
Car mon travail est grand et lourde ma chaîne :
Mon tour est venu de veiller au front de la France,

Oui, la chaîne est lourde. Derrière moi demeure
L'armée. Elle dort. Je suis l'œil de l'armée.
C'est une charge rude, Vous le savez. Eh bien,
Soyez avec moi, mon souci sera léger comme la plume.

Je suis le matelot au bossoir, le guetteur
Qui va, qui vient, qui voit tout, qui entend tout. La France
M'a appelé ce soir pour garder son honneur,
Elle m'a ordonné de continuer sa vengeance.

Je suis le grand Veilleur debout sur la tranchée.
Je sais ce que je suis et je sais ce que je fais :
L'âme de l'Occident, sa terre, ses filles et ses fleurs,
C'est toute la beauté du Monde que je garde cette nuit.

J'en paierai cher la gloire, peut-être ? Et qu'importe !
Les noms des tombés, la terre d'Armor les gardera :
Je suis une étoile claire qui brille au front de la France,
Je suis le grand guetteur debout pour son pays.

Dors, ô patrie, dors en paix. Je veillerai pour toi,
Et si vient à s'enfler, ce soir, la mer germaine,
Nous sommes frères des rochers qui défendent le rivage de la Bretagne douce.
Dors, ô France ! Tu ne seras pas submergée encore cette fois-ci.

Pour être ici, j'ai abandonné ma maison, mes parents ;
Plus haut est le devoir auquel je me suis attaché :
Ni fils, ni frère ! Je suis le guetteur sombre et muet,
Aux frontières de l'est, je suis le rocher breton.

Cependant, plus d'une fois il m'advient de soupirer.
« Comment sont-ils ? Hélas, ils sont pauvres, malades peut-être… ».
Mon Dieu, ayez pitié de la maison qui est la mienne
Parce que je n'ai rien au monde que ceux qui pleurent là...

Maintenant dors, ô mon pays ! Ma main est sur mon glaive ;
Je sais le métier ; je suis homme, je suis fort :
Le morceau de France sous ma garde, jamais ils ne l'auront...
- Que suis-je devant Vous, ô mon Dieu, sinon un ver ?

Quand je saute le parapet, une hache à la main,
Mes gars disent peut-être : « En avant ! Celui-là est un homme ! »
Et ils viennent avec moi dans la boue, dans le feu, dans la fournaise...
Mais Vous, Vous savez bien que je ne suis qu'un pécheur.

Vous, Vous savez assez combien mon âme est faible,
Combien aride mon cœur et misérables mes désirs ;
Trop souvent Vous me voyez, ô Père qui êtes aux cieux,
Suivre des chemins qui ne sont point Vos chemins.

C'est pourquoi, quand la nuit répand ses terreurs par le monde,
Dans les cavernes des tranchées, lorsque dorment mes frères,
Ayez pitié de moi, écoutez ma demande,
Venez, et la nuit pour moi sera pleine de clarté.

De mes péchés anciens, Mon Dieu, délivrez-moi,
Brûlez-moi, consumez-moi dans le feu de Votre amour,
Et mon âme resplendira dans la nuit comme un cierge,
Et je serai pareil aux archanges de Votre armée.

Mon Dieu, mon Dieu ! Je suis le veilleur tout seul,
Ma patrie compte sur moi et je ne suis qu'argile :
Accordez-moi ce soir la force que je demande,
Je me recommande à Vous et à Votre Mère Marie. »

Jean-Pierre Calloc'h (1888-1917)

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Les sources d’une société humanisante
« La société organisée en vue du bien commun de ses membres répond à une exigence de la nature sociale de la personne. La loi naturelle apparaît alors comme l’horizon normatif dans lequel est appelé à se mouvoir l’ordre politique. Elle définit l’ensemble des valeurs qui apparaissent comme humanisantes pour une société. Dès que l’on se situe dans le champ social et politique, les valeurs ne peuvent plus être de nature privée, idéologique ou confessionnelle : elles concernent tous les citoyens. Elles expriment non un vague consensus entre eux, mais se fondent sur les exigences de leur commune humanité. Pour que la société remplisse correctement sa mission au service de la personne, elle doit promouvoir l’accomplissement de ses inclinations naturelles. La personne est donc antérieure à la société et la société n’est humanisante que si elle répond aux attentes inscrites dans la personne en tant qu’être social.
Cet ordre naturel de la société au service de la personne est connoté, selon la doctrine sociale de l’Église, de quatre valeurs qui découlent des inclinations naturelles de l’homme, et qui dessinent les contours du bien commun que la société doit poursuivre, à savoir : la liberté, la vérité, la justice et la solidarité. Ces quatre valeurs correspondent aux exigences d’un ordre éthique conforme à la loi naturelle. Si l’une d’elles vient à faire défaut, la Cité tend vers l’anarchie ou le règne du plus fort. La liberté est la première condition d’un ordre politique humainement acceptable. Sans la liberté de suivre sa conscience, d’exprimer ses opinions et de poursuivre ses projets, il n’y a pas de Cité humaine, même si la recherche des biens privés doit toujours s’articuler à la promotion du bien commun de la Cité. Sans la recherche et le respect de la vérité, il n’y a pas de société, mais la dictature du plus fort. La vérité, qui n’est la propriété de personne, est seule capable de faire converger les hommes vers des objectifs communs. Si ce n’est pas la vérité qui s’impose d’elle-même, c’est le plus habile qui impose « sa » vérité. Sans justice, il n’y a pas de société, mais le règne de la violence. La justice est le bien le plus haut que puisse procurer la Cité. Elle suppose que ce qui est juste soit toujours recherché, et que le droit soit appliqué avec le souci du cas particulier, car l’équité est le comble de la justice. Enfin, il faut que la société soit régie d’une manière solidaire, de telle sorte qu’on fasse droit à l’aide mutuelle et à la responsabilité pour le sort des autres, et que les biens dont la société dispose puissent répondre aux besoins de tous. »
Commission théologique internationale, A la recherche d’une éthique universelle, 2007, § 86-87

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Théodore de BANVILLE (1823-1891).
Recueil : Les Cariatides (1842).

L'Été

Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.
Il brûle tout, hommes et choses,
Dans sa placide cruauté.

Il met le désir effronté
Sur les jeunes lèvres décloses ;
Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.

Roi superbe, il plane irrité
Dans des splendeurs d'apothéoses
Sur les horizons grandioses ;
Fauve dans la blanche clarté,
Il brille, le sauvage Été.